Vivre tout un mois sans supermarché, mais pourquoi ?
Le modèle de la grande distribution et le système agro-alimentaire mondialisé posent problème !
Car les agriculteurs et agricultrices n’obtiennent pas un revenu suffisant.
Car la surconsommation détruit l’environnement et la biodiversité.
Car il est temps de passer à une économie au service de l’humain.
Les solutions existent ! Elles sont portées par de nombreuses alternatives, mais restent pourtant encore trop peu connues.. Alors, lancez-vous le défi de passer tout un mois sans mettre les pieds dans un supermarché.
Ouvrez le guide de survie sans supermarché qui est distribué pendant tout le mois.
Goûtez aux nombreuses alternatives qui s’offrent à vous.
Découvrez les événements et les ressources du mois, avec des podcasts, des revues, des festivals liés, etc.
Pour marquer votre participation au mois d’avril sans supermarché, nous vous invitons simplement à nous suivre sur Facebook.
Vous hésitez à vous lancer ? Lisez nos FAQ pour bien comprendre la démarche !
On parle du mois sans supermarché dans les médias
Comment vivre un mois sans faire ses courses en supermarché ? Comment soutenir l'agriculture paysanne en Belgique ? Les médias enquêtent sur l'alimentation durable et éthique.
Avril sans supermarché se termine dans
Jour(s)
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Seconde(s)
Où se ravitailler ? Vos courses hors supermarché !
Toutes les alternatives alimentaires éthiques en Belgique francophone pour que ça vous goûte !
Les GASAP et les GAC
Les Groupes d’Achats Solidaires de l’Agriculture Paysanne (GASAP) et les Groupements d’Achat en Commun (GAC) proposent de la vente sans intermédiaires qui permet un lien direct et solidaire avec des fermes travaillant en agroécologie et pourvoyeuses d’emplois dans nos régions.
Plusieurs personnes d’une même localité se coordonnent pour faire des achats groupés chez un ou plusieurs producteurs/rices proches.

Les coopératives citoyennes de circuit court
Les coopératives citoyennes rassemblent mangeurs/euses et producteurs/trices pour offrir une alimentation de qualité en circuit court. Plus qu’un point de vente, elles mènent des actions d’accessibilité alimentaire, d’inclusion sociale, etc.
Les magasins participatifs
Les magasins participatifs sont des initiatives de citoyens et citoyennes qui, face aux crises, souhaitent se réapproprier leur consommation et ainsi agir pour construire un avenir plus durable et solidaire.
Ces initiatives citoyennes fonctionnent généralement sur un modèle coopératif où les membres s’engagent à travailler quelques heures par mois (généralement 2-3 heures) pour assurer le fonctionnement du magasin. En échange, ils peuvent participer aux décisions et acheter des produits de qualité à prix raisonnable.
BEES coop a été la première initiative de ce type à Bruxelles et le mouvement s’est depuis étendu avec au moins 11 supermarchés participatifs en FWB. Ce modèle permet une gestion 100% participative et coopérative, redonnant aux citoyens le contrôle sur leur consommation.
Les Magasins du monde Oxfam
Ces magasins proposent de l’épicerie et de l’artisanat issus du commerce équitable, ainsi que des vêtements de seconde main. Le commerce équitable va au-delà du simple prix juste : c’est une approche globale visant à transformer le commerce dominant vers un modèle plus durable, éthique et humain.
La Wallonie travaille d’ailleurs à devenir une « Région du commerce équitable » à travers une campagne coordonnée par plusieurs organisations dont le Trade for Development Centre d’Enabel et Communes du commerce équitable.
Les épiceries alternatives
Ces commerces proposent des produits sans emballage et en vrac, souvent bio et locaux. Contrairement aux idées reçues, y faire ses courses ne coûte pas nécessairement plus chers : une étude de Biowallonie et ConsomAction a montré que pour un panier type bio de 21 produits, la différence de prix entre grande surface (101,6€) et magasin bio/vrac (103€) est minime. Ces épiceries sont nombreuses en Belgique et proposent une alternative concrète au modèle des supermarchés, avec moins d’emballages et une meilleure traçabilité des produits.
Vente directe à la ferme
Cette option permet de remonter directement à la source en achetant auprès des producteurs et productrices. Les avantages sont multiples : rencontre directe avec les agriculteurs/rices, soutien à l’agriculture en transition, et meilleure compréhension de l’origine des aliments.
Depuis avril 2023, un label « En Direct de la Ferme » a été lancé, permettant même l’utilisation des éco-chèques dans certains de ces points de vente.
Profitez du mois sans supermarché pour rencontrer et soutenir celles et ceux qui souvent œuvrent dans l’ombre à une agriculture en transition plus respectueuse du vivant.
Open Food Network
Une plateforme coopérative internationale « open source » qui rassemble, sur une carte interactive, les réseaux de production, transformation et distribution de produits locaux, équitables et artisanaux.
La seconde main
Vêtements, livres, électros… L’écoconsommation et la seconde main sont une bonne manière d’éviter de succomber à la fast fashion et à la surconsommation, tout en limitant ses déchets et en faisant un geste pour la planète !

En mai, soyez Superlocal avec les monnaies locales
On prolonge le défi ? En mai, le mois de l’économie locale, nous pouvons
toutes et tous être Super Local. En choisissant les prestataires de votre région, en évitant les grandes chaînes, en consommant les produits locaux, en utilisant les monnaies citoyennes, vous participez à changer le système.
Une initiative du réseau des monnaies locales accompagnées par Financité.
L'économie sociale
Une économie qui ne cherche pas en premier lieu à faire des surprofits, mais qui s’intègre pleinement dans nos vies par ses finalités sociales, solidaires, durables. Et si tous nos actes d’achats étaient un vote pour une économie sociale ?
D’après les quatre études sur les coûts cachés dans les systèmes alimentaires, les coûts cachés doublent, voire triplent les prix du marché. Cela signifie que pour un euro dépensé par le consommateur, il y a un euro de coûts environnementaux et sociaux cachés. Aux États-Unis et à l’échelle mondiale, on monte même à deux euros.
Les activités autour du mois sans supermarché
Des associations et des commerces locaux organisent pour vous...

Distribution des guides de survie en rue.
Nous organisons des distributions du guide de survie sans supermarché et proposerons au public de relever le défi.
Mer 2 avril Namur matin
Mer 2 avril LLN midi
Le guide de survie est également disponible dans toutes les bonnes épiceries alternatives !

12 avril - Action du Résap pour la journée des luttes paysannes
Comme chaque année, autour du 17 avril, journée des luttes paysannes, le Résap (Réseau de soutien à l’agriculture paysanne) dénonce les acteurs et facteurs sociétaux qui écrasent un peu plus chaque jour les paysan.ne.s.
Rejoignez la mobilisation : luttespaysannes.be

Participez aux festivals Nourrir Bruxelles et Nourrir Liège
Découvrez les festivals de la transition alimentaire qui se déroulent toute l’année partout en Wallonie et à Bruxelles ! En avril, Nourrir Bruxelles proposera une série d’évènements et en mai ce sera au tour de Liège. L’occasion d’en apprendre plus sur les alternatives et le changement de système qu’elles initient…
Festival Nourrir Liège et la brochure « Se nourrir autrement à Liège ».

L'initiative "Du local et du goût"
À Silly, des produits locaux regroupés en vente quasi-hebdomadaire et accessibles via un comptoir sur la plate-forme Open Food Network.
Ce comptoir se trouve à la ferme du Tilleul à Hoves (Silly), mais vous pouvez aussi récupérer votre panier à La Cense de Léandine à St Pieters Kapelle (juste à côté d’Enghien/Marcq).

Fashion Revolution Week
Du 22 au 27 avril, c’est la semaine internationale du mouvement Fashion Revolution.
La grande distribution est aussi pourvoyeuse de la fast fashion, du textile à bas coût avec à la clé, l’exploitation des travailleuses et une pollution abyssale. Le mois sans supermarché, c’est aussi l’occasion de découvrir des alternatives comme la seconde main.
Le programme de la Fashion Revolution Week

Tintigny - Marché fermier de la Halle de Han
4 avril, le 11 avril, le 18 avril et le 25 avril.
Avec ses 30 ans d’existence, le marché de Han est le plus ancien marché fermier en activité de Wallonie. Il fait la part belle aux producteurs locaux et au circuits-courts. Chaque semaine, une vingtaine de producteurs s’y retrouvent et un restaurant local et durable accueille les visiteurs.

Beauraing - Atelier fabrication de produits d'entretien et distribution d'échantillons Wallowash
– distribution d’échantillons de 11h -14h et de 16h -18h
– atelier fabrication de produits d’entretien de 14h -16h. inscr. obligatoire (max 20 avril) producteurs@comptoirpaysan.be
Le Comptoir Paysan, rue de Bouillon 82, 5770 Beauraing

Ciney - Goûter sain, bon et local
Mercredi 2 avril de 17 à 18H30, par Clélia Kestemont.
Pour une fin de journée en toute sérénité (destiné aux personnes en stress, épuisement ou tout public intéressé). Sensibilisation autour d’un goûter sain et local, respectant les principes de la chronobiologie nutritionnelle, en favorisant l’échange avec les participants. Gratuit. Avec le soutien de PSYNAM.
Espace Cool, au-dessus du magasin Cocoricoop, 1, rue du Condroz à 5590 Ciney.
Inscriptions asblcocoricool@gmail.com

Ciney - cuisine sauvage
Atelier en inclusion. Cueillir une plante dans la nature et la découvrir en cuisine.
Espace Cool, au-dessus du magasin Cocoricoop, 1, rue du Condroz à 5590 Ciney.
Inscriptions asblcocoricool@gmail.com

Oret - Découvrez le nouveau Magasin de producteurs CoopESEM
CoopESEM déménage ! A partir du 16 avril, RDV dans notre nouveau Magasin de producteurs !
Venez découvrir notre nouvel espace de vente situé à Oret (rue de Morialmé 6a).
Un magasin plus moderne, plus lumineux et un vaste parking et toujours les produits de près de 70 producteurs de l’Entre-Sambre-Et-Meuse.
Lors de cette première semaine de réouverture, nous vous proposerons de nombreuses dégustations de produits locaux.
Inscriptions.

Ath - L'initiative MAFFLOURCHETTE
À Ath, Mafflourchette est un groupe d’achat de producteurs et de bénévoles qui propose des produits locaux et du commerce équitable à commander en ligne sur la plateforme Open Food Network avec une livraison 2 fois par mois.

AG de la Monnaie locale : La Brawette
La Brawette, la monnaie citoyenne du Brabant wallon ouest, tiendra son assemblée générale annuelle le dimanche 13 avril à Waterloo. Elle sera précédée d’un goûter garanti « sans supermarché » préparé par La Popote, cantine locale partenaire de la monnaie.

Sivry - La botte paysanne

Herve - Nos Racines
Le fait-maison : une alternative équilibrée et savoureuse !
Le mois sans supermarché, c’est l’occasion idéale pour réfléchir à notre alimentation et découvrir des alternatives équilibrées et savoureuses aux produits industriels.
Rejoignez-nous pour une animation instructive, ludique et conviviale le vendredi 11 avril chez Nos Racines. (à Herve) :
• ANIMATION de 14h à 16h30 (sur inscription)
• DÉGUSTATIONS de 14h à 18h (en magasin)
Co-organisé par Promo Santé Li Cramignon et Nos Racines.
• participation gratuite
• inscription obligatoire via (info@nosracines.be)
• limité à 8 personnes

Court-St-Etienne - Festival Nourrir - 1ère édition !
Une quinzaine de partenaires locaux se sont mobilisés pour organiser des activités aux quatre coins de la commune stéphanoise autour des enjeux de la transition alimentaire et de la justice sociale. Ouvert au grand public, Nourrir Court-Saint-Etienne consacre cependant une attention particulière aux publics fragilisés.
Au programme : spectacle, conférences, débats, ateliers de cuisine, balade autour des plantes sauvages comestibles, repas solidaire, projection de film…
Les ressources autour du mois sans supermarché
Podcasts, outils pédagogiques, revues pour en savoir plus...

Abonnez-vous à Tchak!
Confiné·es dans des rôles de consommateurs/trices, nous subissons une chaîne alimentaire qui écrase les paysan·nes, qui épuise la planète, qui grève les finances publiques et qui impacte notre santé au profit d’une poignée d’apôtres de la malbouffe.
C’est pour démonter tout ça que Tchak – la revue paysanne et citoyenne qui tranche a vu le jour. Et pour expliquer en quoi couper le cordon avec les multinationales de l’agroalimentaire et de la grande distribution est porteur d’une relocalisation de l’alimentation et d’un remaillage du territoire.

Lisez le dernier numéro de Supporterre
L’ong Humundi publie son dernier numéro de la revue Supporterres qui met en avant la campagne « Un mois sans supermarché ». Divers articles interrogent la grande distribution et ses alternatives dans une perspective Nord et Sud.

Ecoutez l'épisode de podcast "Un mois sans supermarché"
Vous découvrirez le temps d’un épisode de podcast l’initiative du mois sans supermarché en février 2024, ses raisons d’être, les témoignages de militant.e.s, d’un maraicher, le problème des marges de la grande distribution dénoncé par le monde agricole.

Ecoutez le podcast 'Ecoconso et vous'
Dans le podcast d’écoconso, on parle de nos assiettes, de potager, d’agriculture, de produits locaux & de saison… Alors, on mange quoi demain ?
Lisez l'analyse "Pourquoi un mois sans supermarché ?"
En février 2024, Oxfam, 5C et ConsomAction rejoignaient pour la première fois le « Mois sans supermarché ». Découvrez les tenants et aboutissants de cette action et ce qui ne va pas avec la grande distribution.

L'outil pédagogique 'Révolte ou potager ?'
Humundi présente son nouvel outil pédagogique : « Révolte ou potager ? Comment lutter pour une alimentation juste et durable” ! Faire des choix de consommation engagés, participer à des actions de mobilisation, s’impliquer dans des projets collectifs… Mais par où commencer ? Et comment s’y prendre concrètement ?

L'expo-jeu 'ça va pas supermarché !'
Sur la plate-forme d’outils d’Oxfam-Magasins du monde, vous pouvez emprunter cet expo-jeu. Bienvenue au supermarché ! Ici, vous pouvez trouver tout ce que vous désirez… Mais connaissez-vous les réalités (conditions de travail, impact sur l’environnement, puissance des multinationales, etc.) cachées derrière les produits que vous achetez ?

Lisez le dernier numéro de Transition
L’ong Ile de Paix parle du mois sans supermarché dans le dernier numéro de sa revue Transition.
Regardez le reportage d'ARTE sur les Hypermarchés
Menacés par les géants du numérique et de nouveaux usages, les acteurs historiques de la grande distribution luttent sans merci pour assurer la pérennité de leur modèle. Une enquête fouillée, menée par le journaliste d’investigation Rémi Delescluse.
Découvrez la Sécurité Sociale de l’Alimentation
Comment encourager les consommateur.rice.s à se détourner des supermarchés ? Comment rendre plus accessible l’alimentation équitable et durable ? Et comment stimuler la transition vers une agriculture
durable ? La Sécurité Sociale de
l’Alimentation est une solution proposée par le collectif CréSSA pour répondre à ces défis.
Le principe est simple : étendre le fonctionnement de la sécurité sociale à l’alimentation, en allouant à chaque citoyen.ne un budget mensuel de 150 euros pour faire ses courses dans des points de vente éthiques et durables conventionnés.
Ils soutiennent le mois sans supermarché






FAQ
Pour mieux comprendre le pourquoi du comment de ce défi
Comment concilier pouvoir d'achat limité et des achats hors des supermarchés en période d'inflation ?
Il est certain qu’un pouvoir d’achat qui diminue tend à favoriser un comportement de consommation plutôt tourné vers les prix bas. Derrière ce simple constat se cachent d’ailleurs des réalités très diverses en fonction du revenu : pour certains ménages, l’inflation n’est pas si douloureuse, pour d’autres c’est un combat quotidien contre la précarité.
Inviter à passer un mois sans supermarché, c’est n’obliger personne, ni contraindre qui que ce soit à faire des choix de consommation qui paraîtraient impossibles ou exténuants à tenir pour son portefeuille.
Mais, il reste que dans “pouvoir d’achat”, il y a le mot “pouvoir”. Ce pouvoir, nous pouvons aussi l’utiliser pour faire des choix de consommation qui luttent aussi contre la précarité à l’autre bout de la chaîne de production. On peut en effet choisir de soutenir un commerce équitable, de payer un prix juste aux producteurs, de rémunérer des commerçants, des indépendants acteurs/trices de l’économie réelle, plutôt que des actionnaires des marques de la grande distribution.
N’oublions pas que si la précarité est à un bout de la chaîne (les consommateurs/trices), elle l’est aussi (et même surtout) à l’autre bout (les agriculteurs/trices, les producteurs/trices, les maraîchères…). En fait, le système qui consiste à dévaloriser toute une série de professions pourtant essentielles renforce la précarité car elle maintient les salaires (et par alignement les allocations de chômage et les aides sociales) à un niveau très bas, forçant alors à se tourner vers le low-cost pour grappiller du pouvoir d’achat, mais personne n’est vraiment gagnant (sauf la grande distribution et la malbouffe). Or, ces métiers du monde agricole ont un caractère littéralement vital : ce sont eux qui nous nourrissent ! La production nourricière et le travail des paysan.ne.s doivent absolument être reconsidérés et sécurisés financièrement. Faire cela, c’est aussi lutter contre la précarité.
En outre, acheter dans des points de vente alternatifs n’est pas forcément plus cher. Cela va réellement dépendre de chaque produit. Biowallonie et ConsomAction ont d’ailleurs réalisé un observatoire des prix entre les produits bio vendus en grandes surfaces et ceux vendus en magasins spécialisés (vrac, bio, locaux). Le constat que, sur base d’un panier type bio, composé de 21 produits du quotidien, la différence sur le ticket de caisse est quasi nulle. Le prix du panier en grande surface est de 101,6€ alors que le prix en magasin bio/vrac est de 103€.
Les grandes surfaces et supermarchés BIO, c’est ‘in’ ou ‘out’ de votre mois sans supermarché ?
Le défi du mois sans supermarché est de vous proposer de faire vos courses ailleurs que dans les grandes enseignes, celles de la grande distribution. Généralement, celles-ci sont, comme leur nom l’indique, de grandes surfaces généralistes qui tentent de répondre à tous vos besoins de consommation. On y trouve un peu de tout, des grandes marques, du discount, des marques de distributeur, mais aussi des références bio, locales et/ou équitables, en quantité souvent moindre.
A côté des ces géants qui bordent nos villes, il y a bien sûr du commerce de proximité mais qui appartient aussi à ces chaînes de magasin, parfois sous un régime franchisé. Parmi ces moyennes surfaces, il y a aussi des supermarchés bio qui appartiennent à des grands groupes, l’exemple le plus connu étant sans doute la chaîne BioPlanet du groupe Colruyt. Ils vendent du bio, certes, mais utilisent souvent leur position dominante et les mêmes techniques d’achat pour négocier des prix le plus bas possible, au détriment de toute la chaîne de valeurs derrière (prix juste du producteur, production industrielle, etc.).
Nous vous invitons plutôt à découvrir d’autres alternatives, ce qui suppose d’aller un peu plus loin que le mot “bio” repris sur l’enseigne ou sur les labels des produits. Ce n’est pas nécessairement évident, ce n’est pas non plus mission impossible. Notre guide de survie sans supermarché vous fait déjà découvrir de nombreuses alternatives, des cartes interactives… On vous y présente par exemple les supermarchés coopératifs, un modèle de supermarché très différent !
Les supermarchés vendent du local, du bio et de l’équitable, pourquoi voulez-vous qu’on les évite alors qu’ils changent déjà leurs pratiques ?
Les supermarchés sont beaucoup trop dans la réaction et l’adaptation progressive de leurs pratiques en vue de garder ou augmenter leur clientèle. Mais si nous tablons sur ce fait, alors le mois sans supermarché prend tout son sens puisqu’il continue à mettre la pression sur les supermarchés en leur montrant que de plus en plus de consommateurs/trices se préoccupent vraiment de leurs achats.
A noter aussi qu’il y a encore beaucoup à faire pour rendre le commerce de la grande distribution plus juste (partout sur la planète). Une Directive européenne de 2019 (Unfair Trading Practices Directive) qui tente de lutter contre les pratiques commerciales inéquitables (plus particulièrement de la grande distribution) donne une certaine idée de ce qu’on peut également reprocher aux supermarchés. En essayant de vous mettre dans la peau d’une agriculteur/rice qui vend sa récolte de haricots à un distributeur, considérez ces quelques exemples qui sont malheureusement très souvent rencontrés :
1. Retards de paiement de l’acheteur : payer après 30 jours pour des produits périssables ou après 60 jours pour d’autres produits agro-alimentaires.
2. Annulation d’une commande dans un délai très court.
4. Changements unilatéraux dans un contrat de fourniture de produits.
5. Demandes par le fournisseur de paiements non liés aux produits.
6. Demandes au fournisseur de payer pour la détérioration ou la perte de produits même après que ceux-ci sont passés dans les mains de l’acheteur.
7. Refus d’effectuer un contrat écrit.
8. Acquisition, utilisation ou révélation de secrets commerciaux du fournisseur.
9. Menace de représailles commerciales lorsque le fournisseur revendique ses droits.
10. Exigence que le fournisseur supporte les coûts des plaintes de clients.
11. Mise en avant des produits dans des zones non stratégiques du magasin (bas de rayon, etc.)
Avez-vous des recommandations politiques précises qui accompagnent cette action ?
Pour ConsomAction, cette campagne a un double objectif, à savoir ouvrir le débat sur les modèles de distribution et leurs impacts sociétal et environnemental ainsi que de montrer aux consommateurs finaux que les alternatives sont belles et bien là et qu’elles méritent d’être soutenues. Ces points de vente représentent des débouchés pour valoriser les produits locaux, vrac, équitables et prônent un modèle économique plus résilient et prenant en considération tous les maillons de la chaîne de valeurs, tout en offrant des externalités positives.
Nous militons aussi sur l’impact des emballages et les conséquences environnementales que ceux-ci causent. Les supermarchés représentent par excellence le lieu où les emballages à usage unique sont en opulence et en rien remis en question. Au travers de cette campagne, nous appelons les autorités à poser des mesures belges fortes pour réduire drastiquement les déchets d’emballages au travers de solutions en vrac et consignées (réemploi) jusque dans ces lieux ultra-consuméristes et polluants.
Pour Oxfam-magasins du monde et sa campagne sur l’agroécologie, c’est mettre en avant que la grande distribution n’est pas un moteur de la transition et n’est pas du côté des agriculteurs/trices qui modifient ou tentent de modifier leurs pratiques pour aller vers l’agroécologie. Par leurs politiques de prix bas et leurs pratiques commerciales souvent inéquitables, elles bloquent ou rendent très difficiles cette transition des pratiques agricoles, par nature risquée et nécessitant des investissements (ex. dans de nouveaux équipements). Il faut donc la sécuriser économiquement, par exemple à l’aide de démarches de commerce équitable Nord/Nord ou des circuits commerciaux (ex. courts et/ou de proximité) permettant d’assurer de meilleurs prix et conditions commerciales.
Est-ce que vous appelez concrètement au boycott des supermarchés ?
Les supermarchés se montrent sensibles à ce que veut leur clientèle. Le mois sans supermarché n’est pas un boycott bête et méchant. C’est un signal clair à la grande distribution pour lui dire : il est temps de changer de modèle, de faire beaucoup mieux que ce que vous faites actuellement. La plupart des grands groupes de la distribution jouent d’ailleurs le jeu d’une économie très libérale, dans le cadre de ce jeu, elles savent que le client est roi et que sa volonté est reine.
Ceci étant, imaginer un monde sans supermarché (ou avec un tout autre modèle de supermarché) n’est pas interdit, et n’est pas non plus condamnable moralement si c’est pour davantage d’emplois bien rémunérés et porteurs de sens ici ou ailleurs.
Ne risque-t-on pas des licenciements ou un renchérissement des produits en supermarché en faisant ce type d’action ?
Nous ne le pensons pas. Une des critiques que l’on fait à la grande distribution, c’est aussi ses casses sociales régulières. Il suffit de se rappeler du combat des travailleurs et travailleuses de Delhaize en 2023 suite à l’annonce de vouloir franchiser ses magasins.
Le mois sans supermarché est aussi là pour indiquer que nous, les consommateurs/trices qui en avons les moyens, sommes prêts à payer pour des produits qui font vivre dignement les personnes qui les font. C’est donc plutôt une action en faveur d’emplois bien rémunérés, locaux et stables, l’une des principales caractéristiques du secteur de l’économie sociale (selon l’observatoire de l’économie sociale, le nombre d’emplois du secteur a crû de 6.2% entre 2018 à 2022, contre 2% pour l’économie privée). Pour aller plus loin, découvrez aussi cet article du webmédia suisse « En vert et contre tout ».
Vous évoquez aussi la seconde main comme alternative aux supermarchés ?
En effet, puisque les grandes surfaces proposent généralement aussi du prêt-à-porter, du linge de maison,… Du neuf, bien sûr !
Rappelons quelques chiffres sur l’impact de nos nouveaux vêtements et de la fast-fashion :
Près d’un million de baril de pétrole sont transformés en fil pour le textile neuf chaque jour – Fondation Ellen Mac Arthur
410 millions de vêtements neufs sont produits chaque jour – Nature Climate Change
L’industrie textile cumule autant d’émissions de gaz à effet de serre que le transport aérien et représente entre 2 % et 4 % des émissions mondiales totales – sans parler de ses autres impacts sur l’environnement et la biodiversité.
Plus de 100 milliards de vêtements neufs sont vendus, chaque année, dans le monde, soit, en France, 10 kilos d’habits par personne et par an.
Le textile serait responsable de 20% de la pollution de l’eau, utiliserait 70 millions de barils de pétrole chaque année seulement pour le polyester et un quart des pesticides mondiaux pour la culture du coton.
On consomme en moyenne plus de vêtements neufs que de boîtes de six œufs (Julia Faure – Loom)
Comme les supermarchés qui se mettent au local, de plus en plus de grandes chaînes (H&M, Zalando, Kiabi, Zara…) ont commencé récemment à proposer également de la seconde main à la collecte et à l’achat. On peut saluer ce souci de répondre au boom de la seconde main actuel, mais on se dit aussi qu’à nouveau, il s’agit de surfer sur la vague sans revoir leur propre modèle de “fast fashion”. En effet, ces mêmes marques continuent à proposer toujours plus de collections (jusqu’à 52 par an, soit une par semaine). La seconde main sert juste à verdir socialement et environnementalement leur image, et est une source financière additionnelle en prenant une marge sur les ventes, même celles gérées par les particuliers (Zara), ou en proposant des bonus sur la vente de seconde main pour de l’achat neuf (Kiabi). Enfin, l’ultra fast fashion (ex. Shein, Temu) inonde le marché de vêtements de basse qualité, ce qui met en péril le modèle économique des acteurs de l’économie sociale (problèmes de stockage et de tri, cf. la proportion de plus en plus faible de vêtements revendables, en plus de la concurrence des plateformes de revente entre particuliers type Vinted, qui privent les acteurs de l’économie sociale des meilleures pièces)
Est-ce que l’on ne se trompe pas de cible? Les grandes marques ne sont-elles pas encore plus néfastes que les supermarchés ?
On retrouve dans la première catégorie surtout les agriculteurs/rices, certain.e.s travailleurs/euses de l’agro-alimentaire ainsi que les consommateurs/rices les plus précarisé.e.s, qui n’ont pas ou peu accès à une nourriture de qualité. Les gagnants sont généralement les plus gros acteurs (de la grande distribution, de l’agro-industrie et du négoce international).
La répartition des profits entre eux est variable, à la fois temporellement et géographiquement. Ainsi, la grande distribution est assez loin des marges importantes qu’elle faisait il y a quelques années (par exemple durant la crise Covid) et certains de ses acteurs sont en grande difficulté économique (ex. Cora, Mestdagh ou Match). Mais d’autres font des profits record (ex. Carrefour), notamment à l’aide d’un changement de modèle de type franchisation, avec toute la “casse sociale” associée (cf. la récente crise chez Delhaize).
In fine, celui qui gagne, c’est toujours le plus gros : souvent les grandes marques (qui bénéficient de leur image et notoriété), souvent la grande distribution (qui s’appuie entre autres sur son pouvoir de (dé)référencement et de fixation des prix finaux en magasins) et encore plus souvent les acteurs du négoce des matières premières ou de la spéculation. Ce sont donc tous ces acteurs dominants auxquels il faut s’attaquer !
En fin de compte, pour la plupart des consommateurs/trices, les supermarchés restent la vitrine incontournable de ce modèle de production et de consommation. Un mois sans supermarché, c’est aussi dire un mois loin de tous ces acteurs très puissants, à la découverte d’autre chose, de nouveaux produits, de saveurs, de rencontres avec des producteurs, de petits transformateurs locaux et/ou de l’économie sociale…
Le mois sans supermarché est-il un moyen de s’attaquer à la crise du monde agricole et d’aider les agriculteurs/rices mobilisé.e.s ?
Selon nous, oui ! Parmi les étincelles des diverses mobilisations en cours en Europe (ex. hausse des taxes sur le gazole, inflation, concurrence ukrainienne, etc.), la pression sur les prix exercée par la grande distribution et l’agro-industrie est l’un des facteurs de précarisation les plus importants.
Alors que les distributeurs et l’agro-industrie ont répercuté l’inflation sur leurs prix alimentaires en magasin, ils n’ont pas ou peu augmenté leurs prix vis-à-vis des producteurs/trices. Et ces dernier.e.s ont vu dans le même temps leurs charges (carburant, matières premières, etc.) augmenter. Résultat, en France par exemple, pendant que les prix alimentaires connaissaient en 2023 une hausse record de 12%, les marges de l’industrie agroalimentaire explosé de 48% selon l’Insee.
Acheter ses produits dans des circuits commerciaux alternatifs en économie sociale est donc une manière de fournir un prix plus rémunérateur aux modes de production plus vertueux, notamment en agroécologie, et de protester contre les prix bas et les pratiques commerciales des chaînes agro-industrielles.
Consommer plus local, équitable, bio, zéro-déchet, c’est souvent alourdir la charge matérielle et mentale sur les femmes qui investissent ce travail invisibilisé…
Oui, relever le défi de passer un mois sans supermarché, au-delà de la question du budget, c’est changer ses habitudes et peut-être compliquer son emploi du temps qui est déjà souvent bien chargé.
Le grand supermarché offre cette facilité du tout-en-un-endroit qui s’accorde avec notre mode de vie actuel.
Se passer de ce confort de consommation ne signifie pas tomber d’emblée dans l’inconfort le plus total, car aujourd’hui de nombreux magasins proposent beaucoup de gammes de produits alternatifs. Mais cela dépendra de nombreux facteurs différents propres à chacun.e : proximité des alternatives, heures d’ouverture, choix de modifier son alimentation et sa cuisine (moins de viande, moins de produits transformés, moins d’aliments peu nutritifs).
Le défi peut être aussi l’occasion d’entamer un nouveau partage des tâches au sein du couple ou du ménage. Il peut être l’occasion d’une discussion avant d’entamer le mois pour voir qui va faire quoi.
Relever le défi pendant un mois, c’est aussi s’offrir la possibilité de créer une « période test » à la fin de laquelle on peut garder ou non de nouvelles habitudes, évaluer son budget, ajuster certaines choses…
Vous proposez un mois un sans supermarché, mais vous vendez des produits équitables en supermarché, non ?
Historiquement, en Belgique, quand l’alternative du commerce équitable est née puis a grandi dans les années septante, celle-ci s’est d’abord totalement développée en dehors des supermarchés.
La question de proposer du commerce équitable dans les supermarchés a été débattue au début des années 2000 et n’a pas toujours débouché sur un même choix en fonction des pays ou des organisations. Les organisations Oxfam en Belgique ont souhaité permettre aux client.e.s des supermarchés d’avoir accès au commerce équitable pour toujours faire davantage connaître celui-ci et le rendre accessible au plus grand nombre. D’autres organisations comme Artisans du monde en France se sont toujours opposées à proposer leurs produits aux grandes surfaces.
Parallèlement, voyant l’intérêt des consommateurs et consommatrices et la consommation éthique dans l’air du temps, les supermarchés se sont tournés eux mêmes vers l’équitable, le bio, le vrac, le local.
D’autres marques équitables, comme Ethiquable proposent des produits avec une démarche forte de commerce équitable mais n’ont pas développé un réseau de distribution de magasin propre, par contre, elles sont souvent bien davantage présentes et mises en avant dans les commerces alternatifs que dans la grande distribution. Il n’est par exemple pas difficile de se rendre compte qu’un supermarché lambda propose généralement du chocolat équitable, à côté des marques conventionnelles, des marques uniquement bio, et des sous marques. Là où un commerce alternatif proposera généralement uniquement du chocolat équitable et/ou bio.
Oxfam-Magasins du monde n’a cependant eu de cesse à travers diverses campagnes (Behind the brands, Campagne sur le devoir de vigilance, Cultivons, Cultivons les Alternatives, Reprenons en main notre alimentation) de dénoncer les problèmes que posent le modèle de la grande distribution et des marques.
Si aujourd’hui, certains produits alimentaires Oxfam (OFT) se retrouvent en supermarché, c’est principalement pour des raisons d’équilibre financier et d’économies d’échelle. C’est ici la réalité économique qui fait loi. Face à la rude concurrence provenant des supermarchés, l’idée est d’y vendre tout de même une certaine quantité, car la capacité de vente du réseau OMM/OWW reste bien inférieure à celle de l’ensemble des grandes surfaces. Toute la plus-value Oxfam évoquée plus haut, en termes de qualité de produit ou de partenariat est conservée, sauf en ce qui concerne la partie distribution. Malgré ce modèle mixte, la plus grosse partie des produits reste vendue au sein des magasins Oxfam. La part des produits vendus en supermarchés est d’ailleurs en baisse.
Il en va en réalité de même pour d’autres secteurs. Des producteurs/trices de produits bio en Belgique sont parfois obligés de vendre une partie de leur production au supermarché pour que leur activité se maintienne. Cela ne signifie pas qu’ils ou elles cautionnent d’emblée le modèle. Aujourd’hui, des entreprises et coopératives de producteurs/trices équitables doivent aussi parfois se tourner vers le secteur conventionnel pour conserver une activité économiquement viable, tout l’enjeu est alors de conserver des prix les plus justes possibles.
Cela ne fait que démontrer que les alternatives de distribution les plus éthiques atteignent encore un public trop restreint. Or, il est crucial de développer la demande pour les alternatives et autres circuits courts dans un contexte de concurrence féroce et inéquitable de la part des géants de la consommation.
C’est pour cela que l’on vous propose un mois sans supermarché, pour pouvoir soutenir et renforcer ces précieuses alternatives qui ouvrent la voie vers un monde plus juste.